Le choix des mots

Le 14/12/2022

 

 

Interroger les mots, leurs multiples sens et nuances selon leur champ d’application est une porte d’entrée possible et intéressante lorsqu’arrive le moment de nommer et de définir une démarche ou un concept. Alors, pourquoi pas, en matière de soin par l’écriture, la « Biographie Réparatrice » plutôt que la « Biographie Restaurative®  » ?

Globalement, il semblerait que la notion de réparation soit intrinsèquement liée à l’idée d’un retour à un état normal. Mais dans le contexte du traumatisme et du deuil, est-il réellement possible de revenir à un état d’origine ?  Peut-on vraiment imaginer « réparer » le passé depuis le présent ? Comment pourrait-on envisager de changer le réel ?  Il est évident qu’on ne saurait faire disparaître, annuler un événement s’étant déjà produit. Pas plus que, même dans les cas où les mécanismes de défenses ne sont plus opérants et ne placent plus la personne blessée en situation de déni ou d’occultation, on ne saurait effacer le souvenir, la trace de l’événement ayant conduit au traumatisme.

Dans de multiples secteurs, comme en informatique par exemple, la notion de réparation implique « la remise d’un système à son état d’origine » ou dans le domaine de la santé et pour un organisme vivant, en cas de blessure, une fois régénérés, on parle de réparation des tissus… D’emblée, du fait de l’impossibilité à retourner vers un état originel après avoir vécu un trauma, opter pour l’appellation « Biographie Réparatrice » ne semble pas approprié. J’ai eu l’intuition que ce choix eut pu déboucher sur de possibles écueils, voire aboutir à une forme de « trahison » de la démarche elle-même.   

Le trauma, la blessure existent et continueront d'exister. À l’image du corps sévèrement incisé et dont la cicatrice demeure (même si avec le temps, elle a tendance à s’estomper) la blessure psychique ne peut être effacée. Il faut apprendre à vivre avec elle. Prendre soin de sa blessure fait partie de l’apprentissage qui s’impose à la personne qui en est porteuse.  Accompagner en écriture, prendre soin de ces personnes fragilisées via la Carebiographie® permet d’appliquer un baume apaisant favorisant la capacité à retrouver l’aptitude à bien vivre, même avec la blessure. La vision concrète de la « restauration d’une dynastie sur son trône » (autre expression faisant appel à la notion de restauration) semble avoir son corollaire métaphorique et quoi de plus enthousiasmant, que d’envisager redevenir « Souverain en son propre royaume » ?  C’est-à-dire, à nouveau capable d’une certaine maîtrise sur son esprit, son corps et sa vie.