Biographie Restaurative ou l'écriture résiliente®

L'art du soin par l'écriture pour tous

S’arrêter pour écrire et faire le point

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Lorsqu’on se sent à un tournant de son existence, si l’on s’interroge sur une rupture familiale amoureuse ou professionnelle, à l'annonce d'un diagnostic grave, écrire devient une façon de mettre en mots des émotions, de mieux se connaître pour se réorienter ou accoucher d'une décision.

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Et puis, au cours de la vie, des événements dramatiques inattendus et traumatisants peuvent survenir. On ne peut réparer ni changer le passé. Cependant, depuis le présent, au travers d'un acte créatif, on peut restaurer les parties blessées de soi. Déposer ses mots, (maux), auprès d’un tiers réceptif et bienveillant, capable de structurer le récit de vie, peut aussi s’envisager comme une démarche re dynamisante.

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L'écriture, en tant qu'acte créatif, vise à combler ce qui manque désormais aux personnes exposées à un certain déséquilibre. Comme toute création, le récit de vie participe d'une phase de reconstruction et permet de remettre du "sens et de la cohérence"* dans un moment de chaos existentiel. Une fois le livre créé, une forme d'apaisement survient et une possible transformation de soi devient possible pour restaurer sa vie pour une véritable Renaissance.

* Paul Ricoeur 

 

​​​​Arbre résilient poussant sur un rocher -  DR

Arbre résilient sur un rocher"L'écriture permet d'échapper à l'horreur du réel qui fait disjoncter le cerveau, de ne pas rester prisonnier du contexte.../... De simple témoin impuissant, l'auteur devient créateur de ce qu'il raconte.../..."  L'important est de trahir le trauma en le racontant, en le mettant en scène. Peu importe la forme, du moment que nous en faisons un objet d'observation extérieur à nous-mêmes. Crier son désespoir n'aide pas à le dépasser, à mieux vivre avec. Il faut chercher plutôt une création qui lui donne sens.../..."*

* Extraits de l'interview de Boris Cyrulnik par Valérie Josselin - Femina.fr

L'art du soin par l'écriture pour ceux qui restent (personnes endeuillées)

En tant que biographe hospitalière, j'accompagne en écriture ceux à qui, parfois, la maladie ne laisse aucune chance : ceux qui partent. Dans ce contexte, l'écriture du livre de sa vie, occasion de se déposer en mots auprès de sa biographe, avec les éventuels messages à l'attention des proches, permet une forme d'apaisement pour la personne biographiée. Pour les proches, dans un temps éloigné du deuil, le livre déploiera ses vertus bienfaisantes et consolatoires. 

Accompagner les personnes endeuillées, revient à soutenir ceux qui restent. L'écriture d'un récit consacré à un être cher disparu (quel que soit son âge ou le contexte) contribuera au processus de deuil. L'oeuvre alchimique d'écriture n'a pas vocation à réparation, elle ne gomme l'événement douloureux ni n'en permet l'oubli. Elle favorise simplement la possibilité de mieux accueillir le présent et de réapprendre à se tourner vers l'avenir. La blessure existe et continuera d'exister. A l'image du corps sévèrement incisé et dont la cicatrice demeure (même si avec le temps, elle a tendance à s'estomper) la blessure psychique ne peut être effacée. Il faut apprendre à vivre avec elle. Prendre soin de sa blessure avec l'écriture, via la biographie restaurative, permet d'appliquer un baume apaisant favorisant la capacité à retrouver l'aptitude à bien vivre. Même avec la blessure.

Un livre pour accompagner le deuil périnatal et renaître

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.../... "En sublimant la souffrance, en la transformant en oeuvre d'art, l'écriture donne du sens à l'incohérence, au chaos, comble le gouffre de la perte (dans le cas de la mort d'un enfant, par exemple, comme chez Victor Hugo) et crée un sentiment d'existence.../... Nous, les humains, nous pouvons souffrir deux fois : une première fois lors du coup que nous recevons dans le réel, puis une seconde fois lors de la représentation du coup. Ecrire nous oblige à nous décentrer pour faire du trauma une représentation remaniée."* 

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Le soutien offert par l'accompagnement en écriture va permettre un autre rapport au temps et un regard différent sur la perte du foetus, du bébé, de l'enfant (quelles qu'en soient les raisons - fausse couche, avortement thérapeutique ou non, décès prématuré ou en bas-âge des suites d'une maladie...) en l'inscrivant dans le fil d'une histoire.

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Car le deuil d'un tout petit est particulier de par des spécificités que le deuil d'autres êtres chers n'a pas. Il faut en effet l'appréhender à partir de peu d'éléments de vie et il est difficile d'attribuer une personnalité singulière à un être que l'on a peu ou pas connu. La sensation de stagnation dans sa propre histoire faute d'avoir pu être parents peut donc entraver le processus.

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Les notions de mort et de naissance se sont violemment télescopées et une turbulence extrême s'invite lorsque les seuls souvenirs sont les mouvements in utero ou les images échographiques. Des souvenirs voués à s'effacer lorsque l'enfant ne vit que quelques minutes, quelques heures, quelques jours ou quelques semaines... C'est alors que le sentiment d'irréalité vient s'ajouter à l'inévitable souffrance de l'absence.

* Extrait de l'interview de Boris Cyrulnik par Valérie Josselin - Femina.fr

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L'accompagnement en écriture avec le livre pour objectif est un espace pluriel dans lequel on peut déployer sa douleur mais surtout, reconnaître et donner voix à l'enfant perdu. Avec le livre, l'écueil de la banalisation (obstacle majeur au deuil de cette perte particulière) est évité.

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Que s'est-il passé pendant l'histoire de la grossesse ? De quelle couleur avait-on repeint la chambre ? Quel prénom lui avait-on donné ? Combien de jours passés avec lui ? Les mots ne peuvent redonner vie à ce petit être mais le temps consacré à exprimer de fugitifs souvenirs permettra d'adoucir, l'indicible, l'inimaginable qui renvoie à l'impuissance à maintenir la vie à tout prix.

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Avec le livre pour témoin, cette fulgurante existence ne reste pas inachevée, elle s'inscrit et prend sa place au sein de la famille. Les parents, la fratrie, conservent les liens de leurs destinées mêlées à celle de leur enfant.

Le livre dedie image

Le livre dédié

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En tant que soin, la biographie restaurative a pour vocation la renaissance des personnes blessées, notamment par la prise en compte, et pourquoi pas, la mise en valeur de la brisure ayant marqué leur vie. Dans sa conception, la couverture du livre (un bel objet d'art soigneusement mis en page et relié à la main) s'inspire de l'art japonais du Kintsugi. Il s'agit d'une technique ancestrale découverte au XVème siècle. Celle-ci consiste à réparer un objet brisé en soulignant ses fissures et ses "fêlures" avec de l'or au lieu de les masquer. En redonnant une seconde vie à des objets cassés ou fêlés, l'art du Kintsugi (littéralement, "jointure en or") apparaît telle une métaphore de l'art de la résilience.

".../... Ils ont pleuré, ils ont été consolés, ils ont travaillé à aimer de nouveau la vie et les humains. Ils ont recollé les morceaux brisés de leur vie, et peu à peu leurs cicatrices psychiques se sont recouvertes de l'or de la bienveillance et de la sagesse, d'une sagesse consolée. Aujourd'hui, chacun de leur sourire vaut de l'or, ils sont devenus Kintsugi." Christophe André - Rose Magazine N°23